LA PIERRE BRUTE
Pourquoi les francs maçons se comparent-ils à la pierre brute ? Est-ce parce qu’ils se réfèrent aux confréries opératives de bâtisseurs de l’antiquité et du Moyen âge ou pour une autre raison plus spirituelle qu’il n’y paraît au premier abord ?
A l’origine de l’humanité, les hommes ont trouvé refuge dans des grottes naturellement creusées par les infiltrations d’eau des ères glaciaires, et dans lesquelles ils pouvaient se protéger du froid et des intempéries.
Animistes pour la plupart ; en tout état de causes proches de la nature et de ses lois ; ils s’y sont installés, sans pour autant en modifier la structure. Non pas qu’ils n’en avaient pas l’idée ou les moyens matériels (Ils connaissaient le silex et la pierre permettant de creuser), mais par respect de l’œuvre divine. C’est bien plus tard, spiritualité en moins, que sur ce modèle naquirent les villages troglodytes.
Si on remonte à l’origine des constructions en pierre, du moins celles que nous avons découvertes à ce jour, ont s’aperçoit que depuis la préhistoire et jusqu’à environ 3000 ans avant notre ère, les hommes regroupés en communauté vivaient dans des huttes, et n’ont utilisé la pierre que pour bâtir des édifices funéraires, voir de culte. Que ce soit en Egypte ou en Bretagne avec les dolmens et autres allées couvertes, la pierre considérée comme matériau noble voir sacré ne fut consacrée qu’à des œuvres d’éternité.
Les anciens ne travaillaient pas la pierre car considérée comme une œuvre divine. Il était donc sacrilège d’en modifier la forme originelle sans risquer de s’attirer les foudres de leurs déités. Ce n’est pas par archaïsme que les celtes véhiculaient des pierres de plusieurs tonnes pour les assembler sans les tailler mais par respect pour le dieu qui les avaient créées.
Il a fallu attendre l’invention des dogmes pour que les prêtres réputés savants initient des ouvriers à la spiritualité du métier de la pierre. Pour modifier l’œuvre de dieu, il fallait connaître dieu. Au début, on posait les pierres brutes l’une sur l’autre en les jointoyant avec de la terre et des pierres plus petites pour édifier des tombes.
Puis on utilisa cette même technique pour construire des ouvrages à la gloire des dieux, avant même de construire les soubassements des maisons. L’homme se sachant mortel, construisait sa demeure dans le même esprit en matériaux putrescibles, tandis qu’il bâtissait des édifices en pierre pour qu’ils lui survivent pour l’éternité (la pierre étant leur symbole d’éternité).
Pour en revenir aux maçons et à leur symbolisme de la pierre brute, ceux-ci, comme leurs prédécesseurs opératifs, considéraient que l’homme est une œuvre de dieu. Il est comme la pierre rencontrée au bord du chemin, informe, mal dégrossi mais avec dans son cœur une part de son créateur. A partir du moment où il a été initié aux mystères des quatre éléments, il est censé prendre conscience de son état et commencer à dégager la gangue qui couvre son moi intérieur. Pour les anciens, la forme était déjà incluse dans la pierre avant que l’homme n’en révèle les contours.
Initier veut dire mettre sur la voie, c'est-à-dire éveiller à la connaissance de soi. « Connais toi toi-même et tu connaitras la nature et les dieux » cette inscription au fronton du temple de Delphes résume tout à fait l’esprit initiatique qui doit régner dans nos Loges d’Apprentis.
« Connais toi toi-même » c'est-à-dire va chercher en toi la parcelle divine qui t’anime. Celle que tu as reçue en naissant et qui s’est chargée de scories au fil des années. C’est pourquoi avant de recevoir l’initiation le profane doit mourir à sa vie passée. Il doit retrouver ses racines pour se mettre en condition de modifier ce qui s’est agrégé à lui depuis des années (V.I.T.R.I.O.L.). L’homme nouveau est celui qui, spiritualisé et débarrassé du poids de ses préjugés, s’engage à servir une cause dont il avait auparavant pris le parti de se servir.
Le premier travail de l’Apprenti est donc symboliquement de se débarrasser de ce qui peut lui nuire. Il frappe trois coups sur la pierre, un pour se défaire des meurtrissures de son corps, un autre pour dégager son âme et le troisième pour libérer son esprit. Au premier degré nous travaillons sur ces trois points corps, âme et esprit comme plus tard, nous aurons conscience de travailler au grade d’Apprenti sur le corps de la maçonnerie, au grade de compagnon sur l’âme de la Franc-maçonnerie et au grade de maître sur l’esprit de l’ordre maçonnique.
Tout le reste ne peut être que spéculations, mais il y a autant de chemins que de maçons.
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