SYMBOLISME DES SIGNES,

MOTS ET ATTOUCHEMENTS

Planche tracée par Robert MINGAM

 

 

A la question : « Comment reconnaîtrai-je que vous êtes Franc-maçon ? » l’Apprenti répond : « A mes signes, mots et attouchements ».

Pour illustrer ce propos, analysons la réponse à la question précédente : « Un F\Mse reconnaît à sa façon d’agir, toujours équitable et franche (Signes) ; à son langage loyal et sincère (Mots) ; enfin à la sollicitude fraternelle qu’il manifeste pour tous ceux à qui il est attaché par les liens de la solidarité (Attouchements) ».

 

Définition du symbolisme

 

Le symbolisme est un langage utilisé notamment par les francs-maçons qui permet à chacun de transposer une image concrète dans une réalité abstraite. Il propose une vision plus large propre à laisser libre cours à l’imagination.

 

Le mot « symbolisme » est formé à partir du terme « symbole » qui vient du latin symbolictum, « symbole de foi », symbolitulus, « signe de reconnaissance », du grec sumbolon, « objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler (sumballon) les deux morceaux ». Dans la Grèce antique, le « symbolon » était un morceau de poterie qui était brisé en deux et qu’on donnait à deux ambassadeurs de cités alliées pour se reconnaître.

 

 

LES SIGNES

 

« Comment se font les Signes des Francs-maçons ? ». Réponse : «Par Equerre, Niveau et Perpendiculaire. »

 

Le Signe au premier degré se divise en deux composantes successives, de significations différentes mais indissociables : La MISE A L'ORDRE et Le SIGNE PENAL.

 
La MISE A L'ORDRE

 

Le signe d’ordre s’exécute en étant debout pieds en équerre, pied gauche devant, talon contre talon en portant la main droite étendue (4 doigts joints et pouce écarté formant équerre), placé en Equerre sous la gorge ; main, avant bras et bras droit dans un plan horizontal dans le prolongement de l’épaule, bras gauche allongé normalement le long du corps, qui indique la direction du centre de la Terre. Si nous venons en Loge pour chercher la Lumière, c'est-à-dire l’énergie vitale, pour la faire circuler il convient de lui opposer un pôle négatif, la terre afin de créer l’illumination (à comparer avec le courant électrique).

 

Le Second, le Signe Pénal, se fait « en étant à l’ordre en retirant la main droite horizontalement jusqu’à l’épaule droite puis en laissant retomber le bras allongé le long du corps, après avoir décrit une équerre avec la main droite ».

 

C’est le rappel de l’engagement pris sur l’Autel des Serments que nous avons tous contracté le jour de notre initiation, de ne révéler des secrets qui nous ont été confiés, et notamment à quiconque l’appartenance d’un Frère ou d’une Sœur à la Franc-maçonnerie, sous peine d’avoir la gorge tranchée. Sentence symbolique aujourd’hui car les maçons ne sont plus en danger, mais sous l’autorité d’un régime politique totalitaire, cette révélation pouvait être fatale pour celui qui était dénoncé. Le secret est le garant de la pérennité de notre Ordre.

Se mettre à l'ordre, c'est accepter d'intégrer et d'obéir à une règle, à un rituel qui donne du sens au travail maçonnique : c'est accepter de faire partie d'un ordre, l'ordre maçonnique, avec ses règlements et ses valeurs, c'est s'engager à respecter une discipline librement consentie et nécessaire sans doute au bon fonctionnement de l'ordre.

 

Mais se mettre à l'ordre, ce n'est pas seulement obéir, ce n'est pas seulement signe d'obéissance, c'est aussi apprendre à se mettre en ordre avec soi - et ce signe ou geste y aide efficacement -, c'est apprendre à être attentif et vigilant, à être à l'écoute de soi et de l'autre, c'est apprendre à mettre de l'ordre dans sa tête, dans ses idées, c'est apprendre à réfléchir avant de parler, c'est, la main sur la gorge, sentir la vie battre en soi, c'est se sentir vivre, c'est se battre pour vivre, c'est vivre pour tenter de se connaître et de s'améliorer, c'est s'améliorer, pour vivre mieux, ou simplement bien avec les autres, c'est peut-être en dernière limite se recueillir, se replier en soi pour mieux s'ouvrir au monde...

 

Ce signe a d’autres significations moins barbares. C’est une marque de respect, car il s’adresse à toute l’assistance. C’est un signe de reconnaissance, notamment à l’ouverture des travaux lorsque les Surveillant passent devant les colonnes pour vérifier que tous les assistants sont bien Apprentis maçons, mais c’est aussi un symbole, celui d’agir comme une barrière voir comme un filtre entre l’esprit et le corps. Il agit comme une mise en condition de concentration avant de prendre la parole. Il limite le bouillonnement des passions lors de débats d’idées et permet de garder la tête froide. Il convient ainsi que dans la Loge, la RAISON maîtrise le corps et les sentiments. Ne dit-on pas dans le tuilage du premier degré que nous venons en Loge pour vaincre nos passions, soumettre notre volonté et faire de nouveaux progrès en maçonnerie ! ! « Je contrôle et j'apaise mes instincts, j'apprends à modérer mes paroles, à maîtriser mes passions... ».

 

Par ailleurs, le cou est un passage anatomique éminemment riche. On y trouve non seulement les connections squelettiques, vasculaires et nerveuses entre le cerveau et le corps mais aussi les voies aériennes et notamment le larynx siège de la voix. Le signe nous rappelle donc aussi que le SILENCE est une des vertus essentielles et indispensables de l'apprenti.


D'un point de vue purement géométrique, l'ensemble des gestes est fait de perpendiculaires, de niveaux, d'équerres, évoquant les outils du Maçon, la droiture et la justice qu'il doit incarner.

 

Enfin, nous pouvons rajouter à ces signes, la Batterie et L’Acclamation « qui se fait pieds en équerre, bras gauche le long du corps, le bras droit étendu devant soi, horizontal, doigts tendus pouce écarté en équerre ». L’angle entre l’axe des épaules et le bras droit doit être nul. Zéro degré d’inclinaison. L’Acclamation Ecossaise n’est pas ni un signe de salut à une quelconque doctrine totalitaire, ni une allégeance faite à quelqu’un en particulier.

 

LES MOTS

 

Il est dit dans le rituel du premier degré que, lors de sa réception, le récipiendaire devient frère (ou Sœur) par adoubement du Vénérable Maître. Ses métaux lui sont rendus et lui sont communiqués les signes, mots et attouchements correspondants à son grade et qui lui permettront de se distinguer des profanes en se faire reconnaître de ses frères. Cela signifie donc bien qu’a chaque grade, au fur et à mesure de sa progression, un nouveau mot, un nouveau signe lui seront révélés. Au grade d’Apprenti ce mot est BOAZ.

 

Ce mot est directement lié à l’attouchement d’Apprenti Franc-maçon, qui s’exécute en en se « prenant la main droite et en exerçant une pression marquée avec le pouce recourbé sur la jointure de l’index qui unit ce doigt à la main. ». L’Attouchement est la demande du Mot Sacré, leur exécution doit se faire avec la même rigueur que les signes.

 


Lors de son instruction par le Frère (Sœur) Expert, on apprend au nouvel apprenti que ce mot ne se prononce pas pais qu’il doit s’épeler lettre par lettre, syllabe par syllabe, à la façon des enfants qui apprennent à lire et ânonnent leur leçon : b.o.a.z. BOAZ. Il épelle avec difficulté ce qui, plus tard, fera l’objet d’une lecture courante. On met donc le néophyte sur la voie de la vérité en lui donnant, symboliquement, la première lettre du mot. Il doit ensuite trouver lui-même la seconde puis on lui indique la troisième et ainsi de suite. On voit bien là un rappel du nécessaire travail personnel à fournir en vue de la nouvelle éducation en cours vers les objectifs que la maçonnerie se propose de faire découvrir et atteindre à celui qui s’engage dans cette voie.

 

BOAZ est le nom de la colonne près de laquelle les apprentis se réunissaient pour recevoir leur salaire et repartir contents et satisfaits de par la communication du savoir. Car si le salaire est bien la récompense de l’ouvrier, le résultat du travail, le salaire des maçons est le perfectionnement graduel de soi-même.


On pense que les apprentis recevaient leur salaire près de la colonne BOAZ car elle symbolise le foyer d’où rayonne l’activité humaine et qui n’est autre que le centre conscient auquel se rapporte, chez l’individu, la conception du moi. L’apprenti maçon doit s’absorber en lui-même, se replier sur sa pensée afin de chercher le point de départ de ses connaissances.

 

L’origine sémantique du terme BOAZ vient, selon la Bible au chapitre 7 du premier livre des rois, du nom donné en hébreux à la colonne par l’architecte Hiram de Tyr car il était israélite par son père ourias. A la première section des instructions par demandes et réponses que cela signifie « il établira » sous entendu « Dieu ». (le mot français de Dieu, a travers le grec puis le latin, vient du sanscrit Dyaus qui signifie La Lumière).


Le sens de BOAZ devient alors « la lumière m’a créé ». Il s’agit de La Lumière Fondamentale créée, selon la Genèse, le premier jour et non la lumière faite de photons, c'est-à-dire de particules, que nous voyons avec nos yeux de chair puisque le soleil n’a, lui, été créé que le quatrième jour de cette même Genèse biblique.


Dieu n’est donc rien d’autre que la lumière fondamentale, fondement de tout l’univers, crée le premier jour et avant toute autre création. La Lumière, est en effet la source et le terme de toute recherche spirituelle et de toute initiation depuis que l’initiation existe c'est-à-dire depuis l’antiquité.

 

Les Mots de Semestre, sont communiqués 2 fois par an lors d’une Chaîne d’Union par le Vénérable Maître aux membres de la Loge. Ces mots sont des mots de reconnaissance des Sœurs et des Frères en activité. C’est ainsi qu’à l’entrée en Loge, le Frère Couvreur les demande à quiconque entrer dans le Temple. Leur méconnaissance et leur non communication par un visiteur inconnu pourrait prouver à l’Atelier son imposture.

 
Le fait que les Mots de Semestre sont donnés lors d’une Chaîne d’Union marque aussi les liens de la solidarité car ils serviront à entrer en Loge, et donc à retrouver les Sœurs et les Frères avec qui ils ont été reçus.

 

L’ATTOUCHEMENT

Dans la vie profane les poignées de main données à un ami de rencontre ont une valeur différente selon que l'on dit bonjour ou au revoir. Celle donnée à un maçon est particulière dans le sens où elle interroge et répond sur la qualité et le grade des interlocuteurs.

 

Au Moyen-âge les diplômes n'existaient pas. Pour attester de sa qualification professionnelle auprès de ses employeurs, un ouvrier venu de loin, ne parlant pas forcément la langue locale, arrivant sur le chantier d'une cathédrale,  devait disposer d'un langage universel pour prouver son appartenance à un corps de métier puis préciser son grade. Ce langage véhiculaire passait par des « signes, mots et attouchements ». Comme il fallait se garder d'employer des gens non qualifiés, ces signes de reconnaissance étaient jalousement gardés et uniquement communiqués par initiation à ceux qui méritaient d'être du métier. On peut donc observer que ces signes de reconnaissance sont utilisés traditionnellement depuis la plus haute Antiquité.

 

Au grade d’apprenti, le pouce,  symbole de l’élément cosmique (divin) vient s’appliquer sur la première phalange de l’index, symbole de la conscience individuelle ( humain ), et presse par trois fois. Trois fois, l’âge de l’Apprenti maçon. En anatomie, le pouce est le premier doigt de la main. Il rend la main préhensible par son opposition totale aux quatre autres doigts, aussi symbolise t’il la force reliée à l’intellect et à la sensibilité. Dans le symbolisme, le pouce (doigt de Vénus) est en lien avec la tête.

 

L’ancienne mesure du pouce français (symbole P) était traditionnellement divisée en 12 lignes, puis en 144 points, ce qui nous relie au symbolisme du pavé mosaïque.

 

L’index est le doigt de la direction et de l'autorité. On montre avec l'index, on ordonne aussi avec. La première phalange est la phalange du mysticisme, de l’intuition, de l’esprit philosophique. Le pouce sur la première phalange de l’index signifie une demande du mot sacré de l’apprenti.

En Loge la main du maçon symbolise le prolongement de sa conscience. Gantées de blanc, elle indique qu’elle doit rester pure de tout acte blâmable, et même que la conscience de celui qui le porte sera exempte de tout sentiment vil. Les gants sont une protection intérieure et extérieure ; en effet en les revêtant le maçon contrôle les influx négatifs qui pourraient émaner de ses mains et perturber l’harmonie de la Loge. Le fait de porter des gants sépare le monde extérieur du monde intérieur et permet symboliquement une introspection non pas avec ses mains mais avec d’autres mains, celles du cœur, comme le dit Saint Exupéry dans " le petit Prince ".

 

Mais là est un autre symbole !!!